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- Posted: 3 avril 2016
– Jeanne Added – Tisiphone
Je vous fais un retour sur la première partie Tisiphone alors que Gaëlle développera le phénomène Jeanne Added :
En première partie de cette soirée magique c’est un groupe lyonnais qu’on a eu l’occasion de découvrir, en l’occurrence le trio Tisiphone. On aime ou on n’aime pas, impossible de rester de marbre face à ce qu’ils nous ont proposé ce soir là et je dois dire que pour ma part j’ai plutôt bien aimé. C’est un style vraiment très particulier que j’aurais bien du mal à définir. A la rencontre de l’électro et du tribal, du gothique très dark avec un peu (voir beaucoup) de psychédélique et surtout une bonne grosse dose de basses dont tout le monde s’en souvient j’en suis sûr. On a bien failli ne pas pouvoir aller plus loin que le premier morceau, la guitare ayant tout simplement décidé de rendre l’âme laissant le groupe en état de consternation. En désespoir et voulant éviter d’annuler leur concert ils ont lancé des appels à qui serait venu avec une gratte. Heureusement que l’Épicerie Moderne a réussi à sauver la mise en dénichant une strat qui a pu remplir la mission. Ce petit couac n’a finalement pas entaché leur prestation et même si j’en parle ce n’est pas ce que je retiendrais de leur set. Le nom du groupe est une référence à la mythologie grecque qui finalement pose bien l’ambiance qu’on retrouve dans leur musique, mystérieuse, infernale, sans compromis et persévérante. Clara, Suzanne et Léonard ont su je pense, déclencher des émotions dans le public, bonnes ou mauvaises car il faut bien avouer que leur musique peut mettre mal à l’aise. Pour ma part je garde Tisiphone dans ma liste des groupes à suivre, une deuxième expérience live mérite d’être faite pour ce groupe atypique. Pour les écouter et les découvrir avant d’aller les voir sur scène vous pouvez aller sur leur BandCamp où se trouve leur premier LP sortie en 2016 qui porte pour titre le nom du groupe tout simplement.
C’est toujours compliqué de faire passer le ressenti que l’on a pendant un concert car il est très personnel et c’est d’ailleurs ce qui fait qu’on prend autant de plaisir à les vivre mais là je pense qu’au-delà de cette expérience unique et propre à chacun, il y a le talent, la folie, la technique et l’authenticité. Quand on s’intéresse à la biographie de Jeanne Added, on comprend vite qu’il y a une somme de travail assez phénoménale derrière sa carrière.
Je vous laisse apprécier les infos disponibles sur sa page Web: « Elle fut la révélation des Transmusicales de Rennes 2014. Concert de louanges des médias présents, tous à l’unisson. En effet, sa résidence à l’Aire Libre aura frappé les esprits. En cinq soirs de live percutants, décochés en pleine tête, boostée par ses deux complices (Anne Paceo, batteuse en ébullition et Narumi Herisson, clavier de Tristesse Contemporaine) elle aura levé le voile sur une personnalité trop longtemps corsetée dans des univers trop polis. Lors de ces furieux corps à corps, sa voix a éclaté, poignante et déterminée. Mais avant d’en arriver là, Jeanne a suivi le parcours classique. Conservatoire, violoncelle, bande son des parents (Higelin, Klaus Nomi), la sienne (Prince, Led Zeppelin, Nirvana, Jeff Buckley) et puis bientôt le jazz «comme une récré».
En 2005, bardée de prix (CNSM, Royal Academy de Londres), elle passe «pro», se fait la main, ou plutôt la voix, avant de trouver la sienne. Elle fréquente aussi bien les premiers de la classe que les buissonniers du fond. Le violoncelliste Vincent Courtois et le pianiste Pierre de Bethmann, les grands anciens comme John Greaves ou le petit nouveau Julien Desprez. «J’ai dit oui à tout et à tous. Chacun de ces projets m’a nourrie, et puis un jour j’en ai eu marre.»
Changement de fréquence: «chanter autrement». Entendre pas poliment, pas justement. Le premier essai en ce sens sera Linnake, power trio qui la connecte au rock. «J’ai ressenti un rejet assez violent de la jolie voix que j’utilisais jusque là, d’où le cri et la musique qui va avec.» Elle entame sa mue de vocaliste à chanteuse, la nuance a toute son importance : elle prend la parole.
Dans ce chemin, elle en repasse par le solo pour gagner confiance. Il est l’heure de ne plus chanter la musique des autres, il est temps de se consacrer pleinement à l’écriture de la sienne. Elle prend alors le soin de prendre son temps, le temps de refuser d’autres opportunités. l’écriture lui demande du vide, «less is more», mieux qu’une formule, un cap à suivre pour aller à l’essence.
Ses mélodies, elle les soumet à Dan Levy, la moitié de The Dø, avec lesquels elle tourne en première partie en cet automne 2011. De la rencontre naît l’idée du disque et le désir de le faire ensemble.
Ce sera un long processus d’allers retours, la transformation aboutie de sa prise de parole. Impossible d’enregistrer en une semaine, son écriture évolue, s’étoffe au fil des mois, s’électronise, prend du corps dans les machines, pour former peu à peu un autoportrait sincère d’une personnalité aussi forte que fragile.
Moins de quarante minutes séparent A War is Coming de Suddenly, l’ouverture et la fermeture d’un album qui frappe d’emblée. Dix chansons qui tracent les contours d’une artiste qui a trouvé sa place. «Je n’aime pas les fioritures, je voulais des gestes simples et compréhensibles. Ces chansons, elles m’ont fait du bien quand je les ai écrites, maintenant elles me font du bien quand je les chante.»
Sa voix y interroge, interpelle, s’élance, passe à l’action, entre pop électronique et post punk tellurique, ballade cinématique et fièvre rythmique. Une bouffée d’air frais à couper le souffle.
Elle y parle d’intime, de nous, s’adresse à tous. En anglais, ce qui lui permet de mettre un peu de distance. Pas mal de pudeur dans ce recueil aux tonalités sombres mais d’où jaillissent les rais de lumière.
Comme tous, elle doit composer avec le monde qui l’entoure, mais elle croit en les gens, cette variable d’ajustement qui peut encore être matière à enchantement.
Be Sensational, comme une injonction dit-elle, sa façon de refuser les renoncements, d’avoir le courage d’être soi même. »